Pour Mandor, fils de Famorgh et soixantième roi de Tasuun, vint dans les derniers jours de sa tyrannie le conseiller qu'il n'avait ni souhaité ni attendu, lequel vint dorénavant s'asseoir à ses côtés sur son trône et partager son lit et sa table. Ce conseiller était la peur; et lui sembla continuellement que la peur parlait en lui, avec une petite voix aiguë, semblable au sifflement d'une vipère, disant : « Tu as un ennemi ».
Les adversaires d'un roi tyrannique sont nombreux; et avec ceux qu'il connaissait, Mandor avait agi avec rigueur, comme agissent les tyrans, saturant les chambres de torture et les tombes et les donjons. Et la peur était une chose étrange et nouvelle pour lui : car il avait mené des batailles contre des étrangetés inexpugnables et ne l'avait jamais rencontrée; et les poignards des assassins l'avaient blessé, mais n'avaient laissé aucune peur pour infecter les plaies; et les sorcières avaient façonné des effigies à son nom et à son image, mais avaient perdu leur peines, ne perçant et ne brûlant que la cire insensible. Néanmoins, la terreur s'était emparée de lui, déjouant les gardes postés aux portes de son palais, comme un serpent rampant à travers quelque fissure ignorée; et qui, glissant parmi les tapis de soie et de velours, n'est à peine perçu que par son sifflement.
Sombre et énigmatique était cet événement, pour lequel il n'avait pu identifier une date : car lorsqu'elle fut arrivée, il lui sembla qu'elle avait été avec lui depuis un nombre immémorial de saisons. Et ne connaissant pas l'objet de son effroi ou dans quel déguisement l'ennemi pourrait (. . .)
N.d.T. : Cette histoire était inachevée au moment du décès de Clark Ashton Smith, en 1961.
English original: L'ennemi de Mandor (Mandor's Enemy)