Je fus longtemps un vieux fantôme,
Flottant léger comme un arome
Autour de mes tombeaux détruits,
Et dans mes salles écroulantes
Que soutenaient des lourds atlantes
Aux dos de métaux inouis.
J'ai recontré des reines pâles
Et des nalîdes trop spectrales
Que je baisais au bel antan
Plus loin que les sphères lointaines;
J'ai respiré les spectres vaines
Des roses mortes dès maint an.
J'ai demeuré sur une terre
Qui n'était que cendre et poussière;
Cherchant des floraisons flétris
Dans des ténèbres croupissantes,
J'ai flairé, faibles et stagnantes,
Les puanteurs des dieux pourris.
Mes nuits étaient des nuits passées
Où luisaient des lunes glacées,
Des noirs hiers étaient mes jours;
Des choses longuement perdues,
Des souvenances disparues,
M'apparaissaient dans ces séjours.
Je n'écoutais que des voix grêles,
Je ne touchais que des seins frêles
Des succubes plus exsanguins;
Je ne sentais qiu'une détresse
Trop languissante, une tristesse
Sans goûts, san parfums, et sans teints.
Je m'ennuyais dans cette vie,
Et les mortels m'ont fait envie:
Ainsi me voilà maintenant
Soulevant un corps comme d'autres,
Portant un coeur comme les votres,
Un très tangible revenant.
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Printed on: November 22, 2024